Syrie : combats à Damas, des blindés en position près du centre
Des combats d'une violence sans précédent, selon une ONG syrienne, se sont déroulés toute la journée de dimanche à Damas entre soldats et rebelles, 16 mois après le début d'une révolte contre le régime de Bachar al-Assad qui s'est militarisée au fil des mois face à une communauté internationale impuissante.
Un tournant a été amorcé ce lundi en Syrie. Pour la première fois depuis la mi-mars 2011 et le début de la contestation contre Bachar al-Assad, de violents combats ont opposé l'armée et les rebelles à Damas, symbole du pouvoir. Des blindés auraient pris position près du centre de la capitale, théâtre de combats pour la seconde journée d'affilée.
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Du jamais vu, alors que la Croix-Rouge a déclaré l'état de guerre civile. Dimanche, quelque 105 personnes sont mortes dans le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Sur le plan diplomatique, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan est reçu lundi soir à Moscou alors que la Russie bloque toute adoption d'une résolution contraignante au Conseil de sécurité et accuse les Occidentaux de «chantage».
Des blindés près la capitale. Des blindés et des transports de troupes ont pris position lundi pour la première fois dans le quartier de Midane, proche du centre de Damas, rapportent une ONG et des militants. «Avant, les forces de l'ordre étaient dépêchées pour réprimer les manifestations, aujourd'hui, il y a des soldats engagés dans des combats», a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «Ce sont les premiers combats de ce genre à Damas. Le 15 juillet marque un tournant dans le révolution syrienne», affirmait lundi un militant de Damas. De source rebelle, toutes les routes reliant la capitale à la province ont été coupées. Les bombardements ont repris à l'aube dans le quartier rebelle de Tadamoun avant de s'intensifier en début d'après-midi, selon des militants. Kafar Soussé, Jobar, Qadam, Nahr Aïché et Al-Aassali sont aussi parmi les quartiers périphériques les plus touchés dans les combats.
Une «guerre civile» pour la Croix-Rouge. Seules trois régions syriennes (Homs, Hama et Ibid) correspondaient jusqu'à présent aux critères définissant une guerre civile, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Depuis lundi, alors que les combats se sont intensifiés ces derniers jours, c'est désormais tout le territoire qui est concerné, affirme le CICR : «Chaque fois qu'il y a des hostilités on peut voir des conditions qui peuvent être définies comme un conflit armé non international», terminologie diplomatique pour parler de guerre civile. L'ONG souligne à l'intention de toutes les parties que le «droit international humanitaire doit s'appliquer» pour la protection des populations civiles mais aussi des blessés. L'ONG demande aussi un accès de ses délégués aux détenus de l'opposition.
L'aide humanitaire bloquée par les autorités. Le gouvernement syrien est responsable d'une «politique d'obstruction massive» qui empêche d'aider quelque 850.000 personnes dans le besoin en Syrie, a dénoncé lundi le directeur des opérations du Centre de Coordination des affaires humanitaires de l'ONU. «Nous sommes confrontés à un environnement opérationnel incroyablement dangereux à cause du conflit et nous avons des problèmes de capacités pour des agences qui avaient peu ou pas d'opérations et se retrouvent engagées dans une opération humanitaire massive», a-t-il poursuivi.
Kofi Annan à Moscou. L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, est reçu lundi soir par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, puis mardi par le président Vladimir Poutine. Moscou refuse de sanctionner le gouvernement syrien s'il ne cesse pas ses attaques à l'arme lourde contre l'opposition, comme le prévoit un projet de résolution présenté par Européens et Américains et qui invoque le chapitre VII (qui prévoit la possibilité de sanctions, ndlr) de la Charte de l'ONU. La Russie a de son côté soumis un projet de résolution qui prolonge de trois mois le mandat des observateurs. Selon des diplomates, les Etats-Unis menacent, si des sanctions ne sont pas retenues comme moyen de pression, de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus), qui expire le 20 juillet. Aussi Moscou a-t-il qualifié l'Occident de «chantage» ce lundi.
L'ambassadeur du Maroc à Damas «persona non grata». Le ministère syrien des Affaires Étrangères a annoncé lundi que l'ambassadeur du Maroc en Syrie, Mohamed el-Ikhsassi, était considéré comme «persona non grata». Le Maroc avait rappelé le 16 novembre 2011 son ambassadeur à Damas, après que l'ambassade du Maroc a été attaquée par des manifestants favorables au pouvoir syrien.
Sources : le Parisien.